C'est une découverte que les scientifiques russes ont attendu depuis le premier tour de forage, il y a plus de vingt ans. Une équipe de chercheurs a réussi à atteindre, dimanche, le mystérieux lac Vostok. Sa particularité? Il est situé sous près de quatre kilomètres de glace dans l'Antarctique, à exactement "3768 mètres de profondeur" sous la calotte glaciaire du pôle Sud, selon une source proche de l'équipe.
Des travaux qui vont permettre de réaliser "une étude fondamentale" sur les changements climatiques, a expliqué le porte-parole de l'Institut russe de recherche scientifique pour l'Arctique et l'Antarctique, en précisant que seul le gouvernement russe pouvait confirmer la fin du forage. Ce qui n'a pour l'instant pas été fait. Isolé de la surface depuis des centaines de milliers d'années, ce lac d'eau pure, long de 250 kilomètres et large de 50 kilomètres, pourrait contenir des formes de vie inconnues à ce jour. L'analyse de cette eau devrait permettre aux spécialistes d'établir un scénario des changements climatiques naturels pour les prochains millénaires.
"L'intérêt climatique est quasi nul"
Et ces travaux n'ont pas été sans peine. Débutés en 1989, ils ont été suspendus au début des années 1990 "en raison du manque de financement, la situation étant très compliquée après la chute de l'URSS en 1991", a précisé le porte-parole de l'Institut. Les forages ont repris en 1996 avant d'être interrompus deux ans plus tard. En cause : les inquiétudes de la communauté internationale d'une possible catastrophe écologique, conséquence de l'utilisation de technologies peu adaptées à la précision des travaux. Ce n'est qu'en 2006 que les opérations ont pu être remises en route.
"Une performance majeure pour les Russes qui travaillent depuis des années sur ce projet", a salué le professeur Martin Siegert, de l'université d'Edimbourg qui se montre toutefois mesuré. "Le projet n'a délivré pour le moment aucune donnée scientifique, car le simple fait de pénétrer dans le lac ne permet d'obtenir ni mesures ni échantillons, et c'est justement ce dont on a besoin", a-t-il ajouté. D'autres scientifiques se sont montrés plus sceptiques encore. C'est le cas de Jean Jouzel, directeur de recherches au Commissariat à l'énergie atomique. Selon lui, "l'intérêt climatique est quasi nul" car "on sait qu'à partir de 3300 m, on ne peut plus obtenir d'information climatique à Vostok". Il a également souligné un risque de pollution "que les Russes pensent transitoire et pas importante mais ça reste à prouver". Autre élément mis en évidence : la compétition avec les Anglais qui forent au même endroit. "Les Russes ont peut-être accéléré", a-t-il avancé.
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